De la mafia au crime organisé....
En quelques jours, Marseille est devenue le théatre de règlements de comptes sanglants, dont les victimes étaient des criminels notoires. La police parle de règlement de compte entre bandes rivales, de prise de territoire ou de réplique armée à des attaques précédentes.
Marseille connait une réputation de ville habitant la dernière mafia en France... N'oublions pas cependant que la mafia existe tant à Paris, à Lyon ou encore à Nice... Cependant, les derniers évènements de ces jours ont fait resurgir cette réputation qui poursuit cette ville méditerranéenne.
Selon le Que sais-je? consacré au crime organisé, une mafia est "une société secrète permanente, cloisonnée, hiérarchisée, dotée de règles dont on dévie au péril de sa vie". Les activités criminelles sont nombreuses: racket, enlèvements, trafic d'armes, trafic d'êtres humains, contrebande de cigarettes ou autres produits, trafic de véhicules volés, contrôle de jeux de hasard légaux ou organisation de jeux illégaux, vols à main armés, trafic d'objets d'art, escroquerie.....
Certaines caractéristiques de la mafia s'étaient fait ressentir lors de la crise des banlieues: Marseille était une des rares villes où le calme avait été de rigueur. Une caractéristique des organisations mafieuses est l'ordre et l'obéissance à sa hiérarchie.
Notons enfin que le Code Pénal ne retient pas la notion de "mafia" qui n'est qu'un terme générique; mais fait référence à ces organisations en tant que groupement criminel. L'article 132-71 du Code Pénal pose la définition de la bande organisée qui est une circonstance entraînant l'aggravation des peines: "Constitue une bande organisée au sens de la loi tout groupement formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d'une ou de plusieurs infractions". L'article 450-1 du Code Pénal définit la participation à une association de malfaiteurs: "Constitue une association de malfaiteurs tout groupement formé ou entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d'un ou plusieurs crimes ou d'un ou plusieurs délits punis d'au moins cinq ans d'emprisonnement. Lorsque les infractions préparées sont des crimes ou des délits punis de dix ans d'emprisonnement, la participation à une association de malfaiteurs est punie de dix ans d'emprisonnement et de 150000 euros d'amende. Lorsque les infractions préparées sont des délits punis d'au moins cinq ans d'emprisonnement, la participation à une association de malfaiteurs est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende".
La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (dite "Convention de Palerme") de décembre 2000 définit le crime organisé comme le groupement de plus de trois personnes organisées pour un laps de temps qui dépasse une seule opération et dans laquelle les taches et les bénéfices sont partagés entre les membres. (http://untreaty.un.org/English/notpubl/18-12F.htm). Ce traité a été ratifié par la France: Loi autorisant la ratification de la convention des Nations-unies contre la criminalité transnationale organisée (n° 2002-1040 du 6 août 2002), parue au JO n° 183 du 7 août 2002 (http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MAEX0100113L).
VOIR:
à la télévision: Emission "C dans l'air", sur le thème "Marseille les Gangs de Banlieue", diffusée sur France 5, avec de nombreux invités dont notamment Xavier RAUFER (Criminologue), Charles PELLIGRINI (Ancien Chef de l'Office Central pour la répression du banditisme) et plusieurs journalistes ayant écrits des ouvrages sur la mafia dont Jérôme PIERRAT auteur de "La mafia des cités". Cette émission était très intéressante et très bien dirigée! Si vous avez la possibilité de voir une rediffusion....
dans votre bibliothèque: RAUFER Xavier et QUERE Stéphane, "Le crime organisé", Que sais-je?, PUF
sur Internet: http://www.drmcc.org/docs/ne27.pdf
http://www.xavier-raufer.com/actualite_2.php
http://droitetcriminologie.over-blog.com/article-2254507-6.html#anchorComment
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-759146@51-758232,0.html
Commentaires
Une remarque: la mafia est loin d'être absente en France. Et elle est probablement l'une des plus puissante dans notre pays. Vous pouvez vous même le constater en observant les médias: lorsque l'on "parvient à identifier" un des responsables des réseaux criminelles ces derniers ne sont pas pour autant inquiété par une possible arrestation, qui bien entendu, ne se fait pas. Pourquoi à votre avis? Pourquoi lorsque l'on parle d'arrêter le traffic de drogues on s'attaque aux consommateurs ou, au mieu, aux petits dealers? Dernière question, avec ces éléments qui coulent de source, comment se fait il que les politiques ne prennent pas de décisions pour lutter contre ce fléaux? :)
Vous avez tout à fait raison sur le fait qu'il semble erroné de minimiser l'influence et la grandeur de la mafia ou des réseaux criminels du même type en France.
Sur la lutte, j'illustrerai simplement votre réflexion avec un exemple: il est de notoriété publique que les patrons de discothèque sont rackettés, pourtant les autorités publiques ne font rien pour endiguer le phénomène.
Pourquoi? manque de volonté, manque de moyens, phénomène caché donc avec un intérêt politique moindre (les citoyens étant moins touchés directement, moins d'intérets)... on pourrait rapprocher ce problème avec l'inefficacité de la lutte des autorités françaises face aux problèmes terroristes corses. Il parrait assez inimaginable qu'avec les moyens militaires dont est dotée la France, face à un terrorisme concentré sur un île, que le problème ne soit pas résolu.
Tant de questions que seul un ministre de l'intérieur connait les réponses.
Minute,on se calme!lvous avez tendance a généraliser le terme meme de Mafia ,qui concerne un type meme au sein de la criminalité organisée tres precis.ne confondez pas les gangsters de Marseille avec la Cosa Nostra siclienne ou la Ndranghetta calabraise,ce n'est pas exactement la meme chose.concernant l'implantation meme des Mafias en France,elle est réélle:d'apres les renseignements disponibles,la Mafia italienne s'est implantée dans le Sud pour des opérations de blanchiment d'argent et ce dès les années 80.
Vous avez raison sur un point: il ne faut pas confondre la mafia avec l'ensemble du crime organisé; c'est d'ailleurs pour cela que j'ai parlé "de réseaux criminels de même type" voulant indiqué un mode de fonctionnement assez similaire sans répondre à la même définition.
Rappelons que la mafia n'est certainement pas un type de criminalité du crime organisé. La mafia c'est des activités de racket, de vol, d'escroquerie, d'enlèvement..... soit une liste d'infraction de droit commun. Ce n'est pas un type de criminalité mais un type de criminels si on peut dire.
Rappelons aussi de nouveau que "mafia" reste un terme générique, qui n'est donc pas un terme juridique. C'est pour cela qu'on classe la "mafia" dans la définition de la criminalité organisée. On n'est pas coupable d'être "mafieux" mais de participer à un groupement répondant à la définition de la criminalité organisée.
Puis; Et bien si la vrai mafia marseillaise (je ne parle pas de gangsters qui agissent à Marseille comme dans l'ensemble des villes de France), la cosa nostra sicilienne, la Ndranghetta calabraise, la camorra de naples et de campanie, les yardies jamaiquais, la mafia albanaise ou russe, ou encore les yakuza japonais répondent à la définition de MAFIA qui se caractérisent par quelques éléments précis de définition: leur secret, leur cloisonnement, leur règle, leur hierachie, leur rite.... La réalité de l'activité, de l'influence, de l'importance ne rentrent pas en ligne de compte. Par exemple, la Camorra se constitue de 6 000 hommes, alors que la cosa nostra en compte 3 200; de même, on sait que les Yardies sont les plus meurtriers.... cependant, ils se rapportent tous à la même définition.
Biensur, et cela coule de source, un "petit gang de cité", "des petits braqueurs" ou bien "deux trois copains" qui organisent des casses ne sont pas des mafias....
Concernant la France, la mafia existe même si elle est moins visible hormi quelques rares affaires de règlement de compte. Mais on sait qu'elle touche Marseille, Lyon, Paris, Grenoble (qui serait un exemple particulier), cela semble le cas de toutes les grandes villes avec parfois quelques spécificités locales.
Sur la date de la mafia dans le midi associé à la mafia Italienne, cela remonte je pense très loin puisque deja en 1970 le parrain Gaétan ZAMPA est dejà associé à la mafia sicilienne.
La mafia de l'époque est d'ailleurs très médiatisée du fait du combat des autorités franco-américaines visant à démenteller les réseaux de trafic de stupéfiant. C'est ce que l'on appelle la "French Connection" dénomination très reprise.
J'espère avoir éclairci mes développements.
A bientot.
je suis d'accord avec vous,dans l'ensemble.sauf sur certains points:d'une part,on ne peut pas parler de Mafia russe-j'ai moi meme des origines russes donc je lis dessus des livres documentaires.Certes,le crime organisé est tres puissant en Russie,c'est incontestable,et meme inquiétant.sauf que vous faites l'erreur de qualifier de Mafia russe,ce qui est un ensemble de gangs,tres diversifiés ethniquement-composés de russes,mais aussi de géorgiens ,de tchétchénes,d'azéris etc.d'autre part,il n'y a pas de rite pour entrer dans ses groupes,contrairement aux Mafias italiennes,aux Triades chinoises ou aux Yakuzas japonais:on "entre dans le Milieu",si on peut le dire ainsi,par cooptation,comme dans n'importe quel groupe du crime organisé-Mafia ou gang.si je peux me permettre,je recommande un petit livre,pas cher et tres bien fait ,sur la Mafia :"La Mafia" de Thierry crétin,dans la collection "idées recues".editions "le cavalier bleu"".L'auteur,ancien procureur adjoint de la République a Lyon,y détaille les Mafias,leur fonctionnement,leurs rites...tres bien fait comme livre
Cordialement
Cyril
Il est vrai que j'aurai du parler de "mafia" russe avec des parenthèses, car on parle plus souvent de cartels ou d'entreprises criminelles. MM. RAUFER et QUERE précisent egalement ceci. Il existe 13 grands "cartels". IL est préférable de ne pas utiliser le terme mafia car ces groupes ne "possède ni la pérennité, ni la "culture", ni l'enracinement des mafias historiques. (p: 50 du Que sais-je?)
Il existe plusieurs ouvrages en la matière, mais parfois assez honéreux. Vous faites bien de précsier cette référence de Thierry CRETIN "La mafia" disponible pour 9 Euros. Je vous rappelle aussi cet ouvrage: RAUFER Xavier et QUERE Stéphane, "Le crime organisé", Que sais-je?, PUF qui parle longuement des mafias, disponible pour un prix assez similaire de 8 Euros.
entierement d'accord.
juste pour information,je tiens un blog consacré aux services secrets :
http://lemondedurenseignement.hautetfort.com/
Cordialement,et bonne continuation en Droit
Cyril
en France, on ne peut pas parler de mafia, mais de grand banditisme, ou de "Milieu". En effet, il n'y a que 8 véritables mafias dans le monde : la N'dranghetta (calabre), la Camorra (Naples), la Mafia des Pouilles (sud-est de l'Ialie), la Cosa Nostra (Sicile), les Triades (Chine), les Yakuzas (Japon), la Mafia albanaise et la Mafia turque. Tout le reste n'est qu'organisations criminelles, autant les réseaux des pays de l'est que les cartel colombiens.
En France, il s'agit d'une pègre organisée qui est loin d'être une mafia. On entre dans le "Milieu" par copinage et non pas par initiation, il n'y a pas de règles strictes, ni de hiérarchie claire ou d'organisation pyramidale du crime. Comme disait cet ancien voyou : "le Milieu, ça marche par équipe". Tout le monde se connaît, des affinités se crééent, certains bossent seuls, d'autres ont leur équipe avec eux, et d'autres encore arrive à former de véritables clans, craints et puissants.
Pour en savoir plus
>>>>> http://lunik-parrain.skyblog.com
>>>>> http://dongaetano.skyblog.com
N'oublions pas cependant que certaines des mafias que vous citez ont une activité en France et de fait des ramifications dans les autres pays.
Par analogie, on ne peut plus dire que le cartel colombien n'agit qu'en Colombie en exportant la cocaine de son seul territoire: on sait que le réseau est largement implanté en Espagne.
Donc, même si l'on ne peut pas parler de grande mafia française historiquement, il ne fait aucun doute que d'autres mafias sont actives en France.
certaines mafias sont actives en France (notamment la Cosa Nostra à Grenoble et la N'Dranghetta à Nice), mais la France est le seul pays développé où la grande pègre est casi-exclusivement française. En Espagne on trouve des gens de partout, en Italie des gens des balkans, en Allemagne des polonais, des tchèques et des français, en Belgique des albanais et des français, en Angleterre des jamaïcains, des pakistanais et des chinois, etc...
C'est une particularité bien française, ce que l'on appel le "Milieu" est surtout nationale, avec, il est vrai, beaucoup d'origines (arméniens, gitans, arabes, italiens, corses, pieds-noirs, etc...), mais français tout de même.
http://dongaetano.skyblog.com
http://lunik-parrain.skyblog.com
http://francis-le-belge.skyblog.com
pour précision,les cartels colombiens sont aussi actifs sur le territoire francais.pour preuve,l'opération "Marguarita" menée par différents services de police-au 1er plan l'OCRGDF,Office Central de répréssion de la Grande Délinquance Financiere- en 1994 et qui a abouti au démantelement d'un reseau de trafiquants colombiens et l'interpellation d'une soixantaine de personnes dans l'Hexagone
Bravo pour vos référence rauffer et Quéré quand on sait où ils ont fait leurs classes !
Xavier Raufer
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Xavier Raufer, de son vrai nom Christian de Bongain, est un universitaire et écrivain français né en 1945. Militant d'extrême-droite dans sa jeunesse, il se recentre politiquement et travaille à l'Institut d'Histoire Sociale fondé par Georges Albertini. Enseignant à l'université Paris II, il est également chargé de cours à l'Institut de Criminologie de Paris. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés
Voici qui sont ceux qui enquêtent sur le crime en France, accointance avec l'extrême droite, donc je ne suis plus étonnée que l'on parle si facilement des cités, en salissant un français d'origine magrébine, et qu'on mette les gants avec le milieu criminel notoire, où les cols blancs pullulent !
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http://lmsi.net/article.php3?id_article=177
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Discours et lois sécuritaires
Alain Bauer et Xavier Raufer, marchands de peur, par Laurent Mucchielli
Lecture critique d’un étrange "Que sais-je ?" consacré aux "Violences et insécurités urbaines"
Ce texte est disponible sur le site personnel de Laurent Mucchielli (http://laurent.mucchielli.free.fr), consacré, entre autres, aux thèmes de la déviance et de la délinquance. Sont aussi disponibles, sur ce site, les analyses du groupe CLARIS : clarifier le débat public sur la sécurité
Avec ce petit livre publié dans une collection bien connue, MM. Bauer et Raufer (respectivement PDG d’une société privée de "conseil en sûreté urbaine" et journaliste) affichent une grande ambition : "il manquait à l’opinion, aux médias, à la classe politique un document concret, clair, bref, un livre qui allierait à la description froide de la situation, la présentation détaillée des méthodes efficaces pour tenter de maîtriser les violences urbaines" (p. 6). Mais en réalité leur propos a aussi des visées politiques puisqu’il s’agit de réaliser une prise de conscience face à de nombreuses années d’ "aveuglement idéologique" et de "pieuses intentions", les auteurs désignant par là les politiques de prévention mises en œuvre depuis 1982 à l’initiative de la gauche (p. 4-5). Or, ce serait précisément depuis ce moment que la situation se serait dramatiquement aggravée : extension géographique de la violence, précocité, récidive et violence accrues des délinquants (p. 4). Enfin, cette aggravation générale serait à relier à l’immigration (p. 5, 30). D’emblée, on comprend que ce livre a beau présenter une façade universitaire, il est écrit avec des arrières-pensées politiques [1].
Les enjeux généraux posés, reste à évaluer l’expertise dont se réclament les auteurs, notamment l’expertise statistique : "le diagnostic précis et étayé que nous proposons ci-après s’appuie sur l’observation clinique de centaines de données vérifiées et minutieusement recoupées [qu’est-ce qu’une observation clinique de statistiques ?]. Ces données proviennent elles-mêmes de sources multiples (instances de répression, ministères divers, centres de recherche universitaires, régions et municipalités, sociétés d’assurance, etc.), de façon à ce qu’elles se corrigent et se complètent les unes les autres" (p. 6-7). D’emblée, on peut dire que cette phrase constitue une grossière erreur méthodologique. Des sources aussi différentes ne sauraient en aucun cas "se corriger et se compléter les unes les autres" pour la raison qu’elles ne procèdent pas des mêmes bases ni des mêmes modes de calculs. Ce que trahit sans doute un tel raisonnement, c’est le fait que les auteurs n’hésiteront pas à piocher ici ou là, dans des statistiques de provenances variées, les chiffres qui sembleront le plus justifier les interprétations qu’ils veulent faire passer auprès du lecteur. De fait, c’est bien ce qui se produit tout au long du livre. Voici quelques exemples.
Dès la première affirmation du livre, on est interloqué : "toutes les données disponibles montrent que, depuis 1982, la criminalité s’est enracinée dans plusieurs centaines de quartiers urbains et périurbains de la France métropolitaine. Des zones où, souvent sans partage, règnent des délinquants toujours plus jeunes, toujours plus violents et toujours plus récidivistes " (p. 4). En effet, les seules "données disponibles" sur la délinquance, de façon constante et durant cette période, sont les statistiques de police et de justice. Or, primo, ces données ne montrent pas de rupture de tendance en 1982. Ainsi que chacun peut le lire dans le recueil de statistiques publié chaque année par le ministère de l’intérieur, la courbe des faits constatés indique une forte poussée durant les années 70 et jusqu’en 1984, puis une baisse entre 1984 et 1988, et de nouveau une hausse à partir de 1988. Dès lors, pourquoi donc écrire qu’un changement massif a lieu en 1982, sinon peut-être pour laisser entendre que ce changement négatif est du à l’arrivée de la gauche au pouvoir... ? Secundo, ces statistiques ne permettent pas de dire que les délinquants sont "toujours plus jeunes". Elles distinguent les majeurs des mineurs, c’est tout. Et si la part des mineurs dans la délinquance enregistrée augmente, c’est seulement depuis... 1993, et non de 1982. Quant à savoir, tertio, si ces mineurs sont "toujours plus violents", il faudrait pour cela regarder le détail de cette hausse de la part des mineurs, infraction par infraction [2]. Or, ce qu’un tel examen montre, c’est que les plus fortes hausses concernent la plupart des vols, l’usage, l’usage/revente et le trafic de drogue (on rappellera qu’il s’agit essentiellement de cannabis), les destructions et dégradations de biens privés et surtout publics, les outrages et violences à agents de la force publique et le port et la détention d’armes prohibés. Dans la mesure où il s’agit d’infractions dont la découverte s’effectue le plus souvent en flagrant délit sur la voie publique, on pourrait surtout faire l’hypothèse que cette augmentation toute récente est due non pas à un changement soudain dans les comportements des jeunes, mais plutôt à une répression accrue de ces comportements par la police. Certes, les homicides, coups et blessures volontaires ainsi que les viols augmentent également en chiffres bruts, mais cette augmentation n’est pas spécifique aux mineurs : elle a lieu également chez les majeurs. Dès lors, il est bien difficile d’étayer l’idée de délinquants "toujours plus jeunes et toujours plus violents". On sait que ce thème constitue le fond de commerce de la presse à sensation ("Le chef de la bande avait 12 ans !", etc.), mais on attendait autre chose d’un ouvrage prétendant offrir un "diagnostic précis et étayé".
Dès la page suivante (page 5), on entrevoit à nouveau la façon dont les auteurs biaisent la présentation des données pour asseoir leur interprétation. Ils citent un sondage d’opinion paru dans Le Figaro "avant les élections législatives de juin 1997" (pourquoi ne pas donner la date exacte ?) :
" ’Parmi ces divers thèmes, quels sont ceux dont devrait s’occuper en priorité la majorité RPR-UDF ?’ :
* lutte contre l’immigration clandestine, 47 % ;
* lutte contre l’insécurité, 43 %.
Notons que ces deux thèmes étaient clairement placés en tête d’une série de dix réformes possibles"
En apparence, des "faits clairs et précis". En réalité, dans le contexte, une liaison suggérée entre immigration clandestine et insécurité, puisque la première note de la même page loue le "réalisme nouveau des médias" qui n’hésitent plus à évoquer les "facteurs sociaux mais aussi ethniques" de l’insécurité. De fait, si les deux choses n’avaient rien à voir, pourquoi donner le premier chiffre ? Et quelles étaient les autres propositions de réforme ? La page suivante donne un autre sondage où la préoccupation du chômage arrive en tête ; dès lors pourquoi la lutte contre le chômage n’était-elle pas citée dans le premier sondage ? Est-ce parce qu’il concernait seulement les électeurs RPR et UDF ? On voit que, loin de parler d’elle-même, la présentation des faits pose en réalité plus de questions qu’elle n’en résout parce qu’elle n’est jamais précise et complète.
Pages 9-10, présentant les "caractéristiques communes des ’quartiers sensibles’ de la France métropolitaine", on lit : "Toxicomanie touchant parfois jusqu’au tiers des adolescents, les victimes étant souvent elles-mêmes d’origine africaine ou maghrébine". Ce passage vise à établir une liaison entre Drogue et Immigration mais ne constitue en aucun cas un "fait clair et précis". En effet, de quelle toxicomanie s’agit-il ? Drogue dure ou haschich ? Cela n’a rien à voir dans la réalité, "sur le terrain" comme diraient les auteurs (qui ne semblent pas en réalité s’être déplacés dans les quartiers dont ils parlent). Ensuite, le terme "souvent" est tout sauf précis. Dans quelle proportion exacte les jeunes d’origine africaine (rappelons que le Maghreb fait partie de l’Afrique) se droguent-ils dans ces quartiers ? Ensuite, combien sont-ils proportionnellement dans ces quartiers ? Si on ne le dit pas, on ne peut pas savoir s’ils se droguent plus que les jeunes d’origine française. Et les chiffres donnés dans les lignes et les pages qui suivent ne font qu’introduire encore davantage de confusion puisque l’on apprend d’abord que les écoles et collèges de ces quartiers "comptent de 30 à 80 % d’enfants issus de familles non francophones" (p. 10), ensuite que 17,6 % des habitants de ces quartiers sont de langue maternelle étrangère (p. 11), enfin que "partant des statistiques disponibles, Délégation interministérielle à la ville, forces nationales de police, offices HLM, etc., estiment que [...] les ’quartiers sensibles’ proprement dits regroupent en moyenne 40 % d’étrangers" (p. 13). Nous vérifions ici le fait que, le premier chiffre étant issu des RG, le second de l’INSEE et le troisième d’une sorte de moyenne entre des données inconnues d’organismes officiels qui n’ont rien à voir entre eux, des sources aussi différentes ne peuvent en aucune manière "se corriger et se compléter les unes les autres" comme le prétendent les auteurs.
Un exemple plus flagrant encore de manipulation du lecteur est donné page 23 avec le tableau VII dont la légende est la suivante : "Quartiers sensibles où se produisent des violences spécifiques (émeutes, etc.) visant à protéger le commerce des stupéfiants, 1993-1997". En réalité, c’est cette légende qui est quelque peu stupéfiante. En effet, la démarche impartiale dont se réclament les auteurs consisterait à donner des chiffres puis à les interpréter de façon réflexive. Or ici, la légende du tableau donne directement l’interprétation en disant que les émeutes visent à protéger le trafic de drogue. Dès lors, plus besoin de discussion sur les motivations des émeutiers, les chiffres se mettent à parler d’eux-mêmes et le lecteur est censé être effrayé par une évolution à sens unique et univoque. Les émeutes sont le fait des trafiquants de drogue qui veulent éloigner la police de leur activité, un point c’est tout (cf. aussi pp. 59-60). Comme tout devient plus simple lorsque l’on procède ainsi !
Arrêtons-là une série d’exemples qui pourrait se poursuivre longtemps et venons-en plus en détail à l’analyse des sources prétendument "scientifiques" utilisées tout au long de ce livre.
Quant aux sources statistiques, la principale est produite par la section "Villes et banlieues" des Renseignements Généraux (RG), dirigée par la commissaire L. Bui-Trong. Or ceci pose de nombreux problèmes. En effet, tandis que les statistiques de police ordinaires traitent de l’ensemble de la délinquance et de la criminalité constatées sur le territoire national au moyen d’une grille d’analyse unifiée depuis 1972, les statistiques des RG sont toutes récentes et ne sont unifiées ni dans leur base ni dans leur mode de calcul. C’est en 1991 qu’est née cette nouvelle section, avec pour mission l’anticipation des émeutes. De fait, elle va rapidement établir une cartographie des "quartiers sensibles" et tenter d’y mesurer l’ampleur des "violences urbaines" à travers une "grille d’évaluation" qui, en réalité, s’intéresse avant tout à l’ampleur des difficulté que rencontre la police dans ces quartiers [3]. En l’espace de quelques années, les chiffres fournis par cette section vont indiquer une aggravation continue de la situation. Et c’est la raison pour laquelle ils intéressent tant Bauer et Raufer (p. 20-26). Mais ces chiffres sont-ils crédibles ? Rien n’est moins sûr. Primo, la base de calcul n’est pas stable dans le temps (le nombre de quartiers enquêtés a triplé depuis la création de la section des RG). Secundo, on doit se demander si cette hausse ne reflète pas avant tout l’effet naturel d’aggravation continu propre à tout nouvel instrument de mesure dans les années qui suivent sa mise en place. L. Bui Trong l’a du reste implicitement reconnu [4]. On mesure par exemple le poids du simple nombre de fonctionnaires mobilisables pour la collecte des données, nombre qui influe à la fois sur la quantité de faits relevés et sur leur localisation géographique. Et dans la mesure où la commissaire annonce dans ce texte le recrutement d’une quarantaine de nouveaux agents, on peut déjà prévoir que les statistiques témoigneront d’une dégradation dans les années qui suivent...
Quant aux sources d’interprétation psychosociologique, les auteurs insistent sur l’inquiétante désocialisation des nouveaux délinquants : "Pour la plupart, ni l’école qu’ils fréquentent peu, ni des parents souvent démissionnaires, n’ont pu les doter d’une grille de référence leur permettant de distinguer l’autorisé du toléré et de l’interdit. Enfin, ces adolescents ne sont pas préparés psychologiquement aux sanctions prévues en cas de transgression des interdits - si tant est que la société se décide à les appliquer" (p. 27). Il s’agirait ainsi de jeunes "sans repères, ni moraux, ni sociaux, ni civiques" [5] . Sur quoi reposent de telles interprétations psychologisantes ? Hélas apparemment sur l’intuition personnelle des auteurs, alimentée par la lecture des faits divers de la presse d’information générale, en particulier deux quotidiens qui font leur miel du thème de l’insécurité et des faits divers s’y rapportant : Le Figaro et Le Parisien. A aucun moment, les auteurs ne font référence à des travaux sociologiques ou psychologiques. La description empruntée aux faits divers est censée là encore "parler d’elle-même". Ainsi : "Dans les cités chaudes de Grenoble, on trouve désormais des bandes agressives dont les membres ont de 8 à 10 ans - de véritables gangs d’enfants, protégés en sus par une efficace loi du silence" (p. 28). Qu’importe aux auteurs la lecture, par exemple, des deux volumes des actes du 29ème congrès de l’Association Française de Criminologie, consacrés à "Délinquance et précocité" (édités en 1995). Il est en effet incomparablement plus rapide de recopier un fait divers raconté dans Le Figaro du 8 mars 1997... A tel point, qu’on se demande du reste ce que vient faire la bibliographie (pourtant déjà bien pauvre) qui figure à la fin du livre. Dans la plupart des cas, elle est en effet purement formelle, les auteurs n’ayant pas ouvert les ouvrages qu’ils citent. Ainsi, s’ils avaient vraiment lu le livre mentionné sur les statistiques de la délinquance [6], ils n’auraient pas commis les erreurs méthodologiques que nous avons relevées... Plus amusant encore : on se demande bien pourquoi les auteurs citent Surveiller et punir de Foucault ! Et la liste est longue : pourquoi citer les travaux de C. Bachmann, H. Lagrange ou encore S Roché puisqu’ils ne sont jamais utilisés dans le texte ? La raison est sans doute qu’il ne s’agit que de poudre aux yeux, d’une pseudo-caution universitaire qui ne doit pas tromper le lecteur [7]. En réalité, le livre de Bauer et Raufer repose fondamentalement sur deux pieds : des documents administratifs d’un côté (surtout ceux qu’élaborent les RG), des coupures de presse de l’autre (surtout les faits divers et surtout la presse sécuritaire). Toute la littérature sociologique et psychosociologique (voire ethnologique) sur les jeunes des quartiers populaires est inconnue des auteurs. Autant dire que, du point de vue scientifique, ce livre est particulièrement contestable, de même que les positions idéologiques qui le sous-tendent sont aisément repérables. Nous ne nous en réjouissons pas car il s’agit d’un manuel (d’une collection qui n’est manifestement plus ce qu’elle était) certainement consulté par de nombreux lecteurs n’ayant pas les connaissances suffisantes pour en faire la critique méthodologique.
Laurent Mucchielli Texte mis en ligne le 23 octobre 2003
la franc maconnerie est devenue une veritable organisation mafieuse pyramidale en connection avec la grande crimininalite organisee en afrique
elle se tourne maintenant vers l 'algerie pour initier les algeriens et organiser au trvaers d'eux une organisation opaque transnationale dans le burt de racketter et d'instituer une organisation opaque sur laquelle peut reposer l'organisation criminelle politiquo fianciere
je suis temoin de ces initiations a grande echelle
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