M. SARKOZY dénonce une "démission" de la justice: ou quand on utilise les appréhensions de l'opinion publique dans sa campagne présidentielle
Nicolas SARKOZY s'est exprimé en matière de sécurité en faisant une comparaison entre le bilan national caractérisé par une baisse de la délinquance, et la situation "inacceptable" en Seine-Saint-Denis. Il a indiqué l'affectation de 3 000 policiers supplémentaires. Cependant, il a donné comme explication possible de la situation en critiquant la justice. Voici la phrase qui crée la polémique actuelle:
"Depuis le début de l'année, le nombre d'écroués dans le département est en baisse de 15,5 %. Cela témoigne d'une forme de démission. J'aimerais que l'on m'explique comment on empêche un délinquant de récidiver si l'on n'a pas le courage de le mettre en prison."
Le terme "démission" a largement suscité la révolte côté magistrats. Guy Canivet, premier président de la Cour de cassation, sera reçu à l'Elysée. Tous dénoncent une nouvelle atteinte à l'indépendance de la justice.
Je voudrai aborder cette polémique par deux observations :
----- Je pense sincèrement que l'opinion publique pense profondément la même chose. Selon moi, une grande partie de l'opinion publique comprend mal pourquoi de nombreux délinquants ne se voient pas condamnés à un emprisonnement ferme, ne purgent pas leur peine, voient leur peine amnistiée.... Le Ministre de l'Intérieur se trouve en pleine campagne présidentielle, et utilise le thème de la sécurité dans le débat politique.
------ Cependant, je pense que ce n'est ni le rôle ni une déclaration à faire pour un Ministre de l'Intérieur. Si il reprend une idée assez commune auprès de nombreux citoyens; il n'exprime pas une observation juste dans un domaine aussi complexe. Pour m'expliquer, je ne donnerai que quelques exemples:
- d'une part, il fait abstraction du principe d'individualisation de la peine ou de l'utilisation des peines alternatives à l'emprisonnement, des mécanismes de réduction de peines....;
- d'autre part, y-a-t-il des places en milieu carcéral, quand on sait que certains établissements sont occupés à 120 ou 140%;
- de plus, la justice réclame chaque année des moyens humains, administratifs et financiers supplémentaires.....;
- enfin, l'exemple le plus ironique en la matière, porte sur les amnisties annuelles .... qui dépendent uniquement du pouvoir du chef de l'Etat!
Il est certain que le Ministre de l'Intérieur connaît l'ampleur du sujet et la complexité du débat en la matière. Il joue le jeu de la campagne présidentielle avec des déclarations percutantes. Cependant, je ne suis évidemment pas en accord avec cette déclaration. Donnons les moyens à la justice de faire son travail... et à ce moment là, il sera permi de critiquer. Certes, il y a des dysfonctionnements, comme l'affaire d'Outreau symbolise; malheureusement, je pense personnellement que nombreux dysfonctionnements résultent du manque de moyens que de la démission de la justice!
Commentaires
Le populisme de Nicolas Sarkozy est de plus en plus flagrant et il fonctionne de mieux en mieux. Les Français sont de plus en plus nombreux à le suivre, bien qu'il fasse la majorité contre lui dans les médias et la blogosphère.
On se rend bien compte que la délinquance n'a pas diminué, qu'il remet en question des principes fondamentaux du poste qu'il convoite tant, qu'il accuse les magistrats de démission faute de n'avoir pu leur donner de moyens suffisants...
Les sondages indiquent que les français suivent largement les idées de Nicolas SARKOZY. Concernant les médias et la blogosphère, je ne suis pas vraiment sûr qu'il soit en majorité contre. De nombreux blogs critiquent mais nombreux sont ceux qui le soutiennent. Concernant les médias, M. SARKOZY est un peu leur fond de commerce actuel puisqu'il alimente les informations de jour en jour!
Concernant la délinquance, diminution ou augmentation: il est très difficile de chiffrer avec exactitude ce phénomène. Par rapport aux statistiques officielles, la délinquance aurait baissé si l'on prend la délinquance en général (augmentation de certaines infractions notamment les violences; ou de la délinquance des mineurs). Il serait en tout cas préférable qu'elle est diminuée. Cette incertitude des chiffres permet donc un débat sans fin en la matière, tant pour la majorité que pour l'opposition. Reste que ce domaine est un terrain miné pour les politiques car les français y attachent une attention particulière.
Pour son intervention, il ne fait pas de doute que la justice peine faute de moyens. De même, il ne fait aucun doute que l'administration pénitentiaire souffre aussi. Son intervention est en cela tronqué et purement politique.
Cependant, bien que déplacé ou purement électoral, son commentaire ne remet pas, selon moi, en question l'indépendance de la justice. Le but était d'attirer l'attention d'où le choix réflechi des termes. Cependant, critiquer une institution ne remet pas en cause son fonctionnement indépendant. Je pense que la critique faite par M. SARKOZY pose le problème quant aux conséquences négatives que cela peut entrainé pour les tribunaux (leur "réputation") mais pas leur indépendance. D'ailleurs, par qui était composé la commission d'enquete sur les dysfonctionnements d'Outreau... et qui sont à l'origine des réformes de la justice? Les politiques. Dans ce travail, ils ne remettent pas l'indépendance de la justice en question. Ibid. ici avec des critiques.
M. SARKOZY aime joué le provocateur, et je pense que ça marche au vue de la réaction de l'opinion publique. Etonnant qu'il soit si fébrile sur certains sujets.
François-Xavier,
Je partage ta note sur Nicolas Sarkozy...
Amitiés,
Christophe
Non sarkozy a parfaitement raison de dire ce qu'il dit.Le problème est que son discours serait acceptable si depuis cinq il était dans l'opposition.
Il a tellement raison qu'une enquête administrative lui a donné tort... Ca sent le populisme à plein nez mais vous marchez dedans quand même.
Au fil des mois, Nicolas Sarkozy, désormais officiellement candidat à l'Elysée, est devenu de moins en moins ministre de l’intérieur, au point de laisser son cabinet gérer seul le tout-venant de la place Beauvau, souligne à juste titre Libération (01.12). «De moins en moins président de l'UMP, une tâche qui ne l'a jamais passionné et qu'il délègue volontiers à ses fidèles. »
Ministre de l’Intérieur, président de l’UMP, candidat à l’élection présidentielle : Nicolas Sarkozy joue sans complexe sur ses multiples casquettes
La place Beauvau est parait-il devenue son quartier général de campagne. Il paraît aussi qu’ordre est désormais donné de ne déranger le candidat que lorsqu'il y a urgence sur le front de l'insécurité. Nicolas Sarkozy se contente de superviser, lors des réunions du lundi matin avec ses plus proches collaborateurs ou lors de petits points informels à quatre ou cinq, pour trancher ou régler un problème spécifique.
Se servir des moyens de l’appareil d’Etat pour assouvir ses ambitions personnelles c’est du détournement de fonds publics et de biens sociaux . Je trouve ça abjecte. Sarkosy dehors.
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